Inclusion sociale

Lionel DIENY, Directeur Technique au CSAPA "les Wads" interviewé par le Républicain Lorrain

Lionel DIENY, Directeur Technique au CSAPA "les Wads" interviewé par le Républicain Lorrain

02 Septembre 2019

« La légalisation va créer un nouveau profil d'acheteurs-revendeurs »

Quelles seront les conséquences d'une légalisation du cannabis dans l'espace frontalier du Luxembourg ?

Les spécialistes du sujet sont perplexes, à l'instar de Lionel Diény, directeur technique au CSAPA de Metz, un centre de soins en addictologie. « Le Luxembourg a raison d'aller dans cette voie, puisque la prohibition a échoué partout. En revanche, il est évident qu'il y aura des conséquences sur les pays limitrophes dans lesquels l'interdiction existe toujours ». En France, les lignes bougent peu sur le sujet malgré certaines évolutions sur le cannabis thérapeutique. En juillet, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a donné son feu vert pour une expérimentation d'un an. Mais la prohibition reste la norme concernant le cannabis récréatif. L'Assemblée nationale a voté, en novembre, le principe d'une amende de 200€ pour sanctionner l'usage illicite de stupéfiants. « Nous sommes très retard par rapport au Luxembourg, donc le marché du cannabis de la grande Région sera impacté fortement : les prix, la qualité, la circulation, les routes de trafic. Il y aura une réaction comme sur un marché classique. Si le Luxembourg fixe un prix du cannabis légal cohérent avec le marché, le marché illégal s'adaptera ».

OK pour une expérimentation régionale

Pour le spécialiste, il sera très compliqué pour le Luxembourg de contrôler la revente du cannabis. « Vous n'empêcherez pas un système d'achat-revente aux frontières, des acheteurs luxembourgeois qui financeront leur consommation en revendant dans les autres pays. Les forces de l'ordre devront contrôler ce flux comme pour l'alcool et le tabac ». Lionel Diény estime également que le Luxembourg va devoir convaincre ses partenaires frontaliers. « J'ai compris que le Luxembourg espère une sorte d'effet domino et faire évoluer les mentalités et les législations, mais ce chemin est long ».

Autre bémol, la santé des jeunes. « Si l'âge à partir duquel l'achat sera autorisé est bien 18 ans, c'est une erreur puisque le cerveau est toujours en développement jusqu'à 25 ans. Les conséquences peuvent être graves sur la faculté d'apprentissage ». Le Mosellan est favorable à l'initiative du Grand-Duché et se porte même candidat pour expérimenter « une légalisation régionale du cannabis » en lien avec le Luxembourg.

Lionel Diény (CMSEA), directeur technique au CSAPA de Metz.
Photo d'archives RL/Marc WIRTZ.
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