Historique

L'histoire du CMSEA ...

Au lendemain de la 2ème Guerre Mondiale, dans la lignée du programme du Comité National de la Résistance, l'ordonnance du 2 février 1945 affirme la primauté de l'éducation sur la sanction à l'égard des jeunes délinquants. Le préambule de cette ordonnance déclare « La France n'est pas assez riche d'enfants pour qu'elle ait le droit de négliger tout ce qui peut en faire des êtres sains. La guerre et les bouleversements d'ordre matériel et moral qu'elle a provoqués ont accru dans des proportions inquiétantes la délinquance juvénile ». On notera la modernité de ces deux phrases si l'on remplace « la guerre » par les crises économiques, la mondialisation, les transferts de population etc.  C'était un beau programme et un bel idéal. Mais le gouvernement provisoire de la République Française avait bien d'autres chantiers auxquels atteler ses fonctionnaires et ses moyens. Ce sont des citoyens ordinaires, proches de la Résistance et de la Jeunesse, qui, assez souvent autour des magistrats pour enfants tout récemment créés, se sont mobilisés pour créer dans chaque région de France (et notamment en Alsace-Moselle) une Association Régionale de Sauvegarde de l'Enfance et de l'Adolescence (ARSEA).

 

Pour la Moselle, l'ARSEA de Strasbourg avait créé la « Section Mosellane de Sauvegarde de l'Enfance et de l'Adolescence » sous la Présidence de Jacques Weber, Chef d'entreprise et Président de la Caisse d'Allocations familiales (CAF) de la Moselle, mais cette section ne disposait pas de la personnalité juridique. Cette section comptait 2 salariées, chargées auprès des Juges des enfants de Metz et Thionville de réaliser les enquêtes sociales et de personnalité prévues par l'ordonnance du 2-2-45. Les plus anciennes que l'on ait retrouvées datent de 1946 dans les archives du Service social près le Tribunal pour Enfants, devenu aujourd'hui le SAEI.

 

La même ordonnance de 45 prévoyait la création de « Centres Régionaux d'Observation » dans lesquels les mineurs délinquants seraient observés, testés, motivés et orientés vers celui des établissements d'éducation le plus susceptible de leur convenir (Internat de Collège ou de Lycée, Internat de Centre d'apprentissage, Home de semi-liberté etc.) Le Château d'Angleterre, dans la banlieue de Strasbourg avait ouvert ses portes, mais se trouvait loin de Metz et de la Moselle pour remplir correctement cette tâche d'observation. La Moselle voulait son Centre d'Observation. Justement, le Président de la Section Mosellane de Sauvegarde, par ailleurs Président de la CAF avait une proposition à faire : La CAF disposait d'un bâtiment avec un grand parc à Lorry-les-Metz. Elle était prête à le mettre à disposition pour en faire un Centre d'observation. Cependant le Conseil d'Administration de la CAF exigeait que l'association soit mosellane de plein droit, et non l'émanation d'une association régionale. C'est ainsi que la Section Mosellane de l'ARSEA du Haut-Rhin, Bas-Rhin, Moselle devint le 10 janvier 1950 le « Comité Mosellan de Sauvegarde de l'Enfance et de l'Adolescence » dotée de sa propre personnalité morale et juridique.

 

Dès lors le CMSEA n'a cessé de grandir, de s'adapter, de construire de nouvelles réponses à de nouveaux problèmes. Ce sont les interactions entre les constats des travailleurs sociaux sur le terrain, les réflexions philosophiques et politiques des citoyens du Conseil d'administration, ainsi que les évolutions des politiques publiques qui ont conduit la diversification et l'extension des activités du CMSEA. 


 Aujourd'hui…

Forte de cette expérience, l'association CMSEA poursuit aujourd'hui son évolution sur le territoire mosellan et s'adapte aux contraintes socio-économiques ainsi qu'aux attentes des nouveaux publics, dans une volonté de collaboration efficace avec de nombreux partenaires.

On peut repérer dans son histoire 5 grandes étapes au service des usagers :

1 - La Protection judiciaire de l'enfance et de l'adolescence.
Ce sont tous les établissements et services qui gravitent autour d'un mandat individuel de prise en charge par les juges des enfants, et/ou par les services départementaux de l'Aide Sociale à l'Enfance.
 

2 - La Prévention Spécialisée.
es réflexions conjuguées des professionnels et des administrateurs aboutissent au début des années 70 à se dire qu'il conviendrait peut-être de s'intéresser aux jeunes avant que les magistrats pour enfants ne le fassent. Les cités ouvrières peuplées de gens déracinés (venus de la campagne ou de l'immigration) provoquant la perte de nombreux repères sont peu à peu devenues le terrain d'expérimentation de prise en compte de populations sans mandat individuel, avec une garantie d'anonymat, et sans structure institutionnelle rigide.
 

3 – La déficience intellectuelle.
Au début des années 70, la prise en charge des handicapés, notamment intellectuels, devient un droit pour eux et un devoir pour la société. Les parents se groupent, fondent des associations, créent des établissements. Mais beaucoup de handicapés n'ont plus de parents, ou bien ceux-ci les ont abandonnés. Là encore, c'est une conjonction de la réflexion des administrateurs, avec le savoir-faire des professionnels et avec les ouvertures de nouvelles politiques publiques qui amènent le CMSEA à créer d'abord le premier Centre d'Aide par le travail de Moselle. S'agissant d'adultes, le nom du CMSEA se complète sans que son sigle ne change. En quelques années, une « filière » complète de prise en charge du handicap intellectuel se développe au sein du CMSEA.


4 – La toxicomanie et les dépendances (Aujourd'hui, l'addictologie).
Au début des années 80, les équipes de prévention spécialisées remarquent l'utilisation par les jeunes de produits tels que la « colle à rustine » respirée dans un sac plastique pour « s'étourdir, s'enivrer, s'échapper ». Puis c'est la « démocratisation » du haschisch et de l'héroïne, qui ne sont plus désormais réservés à une « jeunesse dorée ». Encore une fois, le débat entre les professionnels, les administrateurs et les pouvoirs publics vont aboutir à l'invention d'une nouvelle forme de prise en compte, autre que strictement médicale et/ou judiciaire. Là encore, une filière sociale et éducative  complète s'est développée autour du savoir-faire reconnu de nos équipes.



5 – L'Insertion.
Le dernier secteur d'activité créé a été le secteur de l'insertion. Au départ, les équipes remarquent sur le terrain que les jeunes désespèrent de l'entreprise et que réciproquement, les entreprises hésitent à les embaucher. De même de nombreux adultes sont durablement éloignés de l'emploi, et aucune reprise économique ne pourra leur permettre de réintégrer sans aide un emploi durable. Une fois de plus, dans la foulée de la création des Missions Locales et du RMI par les pouvoirs publics, les initiatives d'éducateurs autour du concept d'entreprises d'insertion et le soutien d'un réseau citoyen, se crée le CREPIS qui va bientôt fusionner avec les ART,  provenant de la reprise du LSD pour former l'Espace Insertion.
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