Inclusion sociale

L’hôpital, « l’un des premiers réceptacles des violences conjugales »

L’hôpital, « l’un des premiers réceptacles des violences conjugales »

26 Novembre 2025
Une cinquantaine de soignants des hôpitaux de Sarreguemines ont participé à une journée de sensibilisation et de formation à la lutte contre les violences conjugales. L’objectif : mieux les repérer et les prendre en charge. Chaque année, les urgences accueillent près de 250 victimes.
 

Elles ne représentent qu’une part infime de l’activité : 1 %. Mais ramenées au nombre total de passages aux urgences de Sarreguemines et Bitche chaque année (30 000), elles sont près de 250 victimes de violences conjugales à être prises en charge.

Pour mieux les accompagner et les orienter, les hôpitaux organisent depuis huit ans une journée de formation à destination des soignants, animée par le DGhislain Masone, médecin urgentiste, référent violences faites aux femmes, le CMSEA Espoir, le CIDFF de Moselle-Est et pour la première fois, le parquet de Sarreguemines, suite à la signature de convention l’an dernier « dans le but d’assurer un meilleur échange d’information et de simplifier les dépôts de plainte », explique Elodie Lefebvre, vice-procureure.

Une pré-plainte depuis les urgences

Une cinquantaine de soignants ont suivi la formation. De l’hôpital Robert-Pax, du CHS, du centre médico-psychologique de Forbach… « On ne leur demande pas d’être des experts de la question, mais de savoir repérer, explique Nadine Trembleau, référente du dispositif Espoir du CMSEA. On les sensibilise en expliquant les mécanismes, les différentes formes de violences (physiques, verbales psychologiques, sexuelles, administrative et financière) et en les aidant à distinguer ce qui relève d’un conflit classique ou de la violence » pénalement répréhensible.

Depuis les urgences, les victimes peuvent déposer une pré-plainte, qui sera transmise aux forces de l’ordre et au parquet. « Les trois ou quatre fois où on a utilisé le protocole, on a eu une réponse immédiate, poursuit le DMasone. L’information ne se perd pas. Les victimes sont mises en relation et recontactées par le tribunal ou les forces de l’ordre. »

Un travail de réseau

Dans certains cas, les soignants peuvent lever le secret médical , avec ou sans l’accord de la victime, lorsqu’elle est en danger de mort imminent et sous emprise de son conjoint. « Il ne faut pas hésiter à poser directement la question : êtes-vous victime de violences conjugales ?, poursuit le DMasone. Cela fait partie de notre travail. »

Mais certains soignants sont encore réticents. « Ils ont peur des répercussions pénales, notamment au niveau de l’Ordre, observe Elodie Lefebvre. Il est important de les sensibiliser », les rassurer. « L’établissement hospitalier est l’un des premiers réceptacles de faits de violences conjugales. Il faut absolument créer un maillage de qualité et simplifié pour aller sur une procédure efficiente. » Le travail de réseau est essentiel pour garantir une rapidité d’action, « chacun dans son domaine d’expertise, relève Sophia Matta, travailleuse sociale du dispositif Espoir, intervenante sociale auprès du commissariat de Sarreguemines. Quand on est sensibilisé, formé et qu’on a quelques numéros de téléphone, on sait si besoin que des choses existent. »

« Les réflexes ne sont pas encore acquis »

La lutte contre les violences conjugales et plus largement les violences intrafamiliales avec les conséquences sur les enfants, reste l’une des priorités du parquet. « Sur six à huit comparutions immédiates qui ont lieu chaque semaine au tribunal judiciaire, la moitié concerne des violences conjugales, avec des faits de plus en plus graves, déplore Elodie Lefebvre. D’où le fait qu’il faut continuer la formation des soignants et de tout interlocuteur… Bien que ce soit un fait de société depuis le Grenelle, les réflexes ne sont pas encore acquis. »

Après Sarreguemines, une convention a été signée avec l’hôpital SOS Santé de Saint-Avold. Le tribunal espère l’étendre à l’hôpital de Forbach. « Un gros pôle mère-enfants et un lieu où des violences sont susceptibles d’être révélées. »
Article et photo du Republicain Lorrain paru le 26/11/2025

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